SUIVI A LA TRACE ! MARQUAGE THON ROUGE 2020 les premiers résultats !
Dans le cadre de partenariats scientifiques menés par l’IFREMER, le CNRS et en étroite collaboration avec les pêcheurs adhérents de l’OP SATHOAN, deux ambitieux projets appelés « POPSTAR » (financé par l’Ifremer) et « FishNChip » (co-financé par le FEAMP) ont été menés en 2018-2019.
Les objectifs de ces programmes étaient multiples : 1. mieux connaitre la biologie et les routes de migration de cet animal emblématique (le thon rouge de l’Atlantique et de la Méditerranée) et 2. développer de nouvelles marques électroniques
En 2019, une campagne de marquage de deux semaines à partir de senneurs de la SATHOAN a été menée au sud de Malte. Cette mission faisait suite à celle réalisée en 2018 dans le cadre du projet POPSTAR (financé par l’Ifremer), pendant laquelle et pour la première fois, des thons rouges ont pu être marqués sur ce segment de pêche. La difficulté principale de l’opération tient à la logistique nécessaire pour repêcher les thons capturés à la senne, qui peuvent aisément atteindre plus de 200kg, les remonter sur le pont, les marquer et les relâcher, en un temps restreint et dans des conditions appropriées pour la survie de l’animal. En 2018, l’opération avait été couronnée de succès avec 3 thons marqués dont deux de plus de 200k.
Marque electronique PSAT utilisée
Les marques avaient pu mettre en évidence que 2 thons avaient atteint le détroit de Gibraltar en un mois et l’un d’eux est remonté jusqu’en Irlande tandis que le troisième est resté au large des côtes libyennes.
Marquages dans le Golfe du Lion de 2008 à 2015, figure de gauche. Marquage au Sud de Malte en 2018.
Les thons marqués dans cette zone de reproduction sont plus généralement des gros spécimens qui semblent pouvoir quitter la zone méditerranéenne pour l’Atlantique est, nord et parfois ouest. A contrario, les spécimens marqués dans le Golfe du Lion ne quittent pour ainsi dire pas la Méditerranée, ils sont souvent plus petits et de facto moins disposés à parcourir de longues distances, mais même les gros individus montrent ce comportement. En général les thons du Golfe du Lion sont des juvéniles, ils doivent quitter la zone après une certaine taille. Ils passent l’année dans le Golfe du Lion et le quittent pendant la reproduction (mai-juin) et reviennent vers mi-juillet à mi-Août. On connait d’autres zones de juvéniles comme la mer Adriatique ou le sud du Golfe de Gascogne. Ce sont en général des zones relativement froides et productives.
Pendant la campagne de déploiements de 2019 ce sont 5 thons qui ont été marqués au sud de Malte. Chaque thon a été marqué en l’espace de 7 min (temps entre la touche et relâché du thon). Grâce à ces collaborations entre scientifiques (IFREMER/CNRS) et professionnels (SATHOAN), cette équipe est la seule au monde à maîtriser ces déploiements depuis les zones de reproduction à l’aide de senneurs.
Thon rouge de plus de 2m, marqué en quelques minutes
Lors de cette opération de 2019, deux marques ont tenus un an (Juin 2019-Juin 2020) et l’un des thons est sorti de Méditerranée, a fait un grand tour en montant vers l’Atlantique Nord (Islande) avant de redescendre plus au sud et de retourner en Méditerranée.
Trajectoire d’un thon rouge de plus de 2m marqué à Malte pendant l’opération de 2019, montrant ses déplacements pendant un an.
Les objectifs des campagnes de marquage sont : connaître le point de départ et d’arrivée et les dates associées, ainsi que de pouvoir étudier les trajectoires migratoires en fonction des conditions environnementales (quelles sont les conditions rencontrées et prises en compte température, vents, courants, fronts). Couplé aux données de pêche et de survols du Golfe du Lion, les marquages permettent de beaucoup apprendre. Ainsi, les scientifiques ont pu constater par exemple que les thons n’étaient pas très présents aux mois de mai et de juin dans le Golfe du Lion et que leur retour au mois de juillet était associé en partie à la tramontane et au mistral au mois de Juillet. Ou encore, alors que dans les années 40-60, la Norvège et les hautes latitudes (Bretagne, scandinavie) était une zone propice à la pêche du thon rouge, cette pêcherie s’est estompée pendant 60 ans pour faire sa réapparition il y a dix ans de cela : ici se pose la question de ce retour en masse, s’il est dû à un réchauffement des eaux, etc.
Quelles en sont les explications ? : la dynamique des courants, la température des eaux, l’augmentation d’abondance, les besoins énergétiques…. les processus ne sont pas encore bien identifiés. C’est pourquoi les marquages devraient pouvoir aider à mieux comprendre cela.
En revanche, pour connaître leur évolution physiologique (besoins énergétiques, croissance, …) il est impératif de repêcher les poissons, ou de développer des capteurs embarqués sur les marques comme ceux des projets FishNchip et POPSTAR pour suivre l’évolution physiologique des thons au fur et à mesure de leurs migrations.
En ce sens les tags spaghettis ne sont pas non-plus négligeables, car les poissons, à l’image du Xiphias, seront un jour probablement repêchés notamment par les palangriers en Méditerranée. Malgré un taux de recapture faible, cette pratique permet tout de même d’étoffer la connaissance sur cette espèce.
Les futures campagnes devraient se réaliser cet été (août 2020) ; avec une tentative de marquage d’une dizaine de thons dans le Golfe du Lion en s’appuyant sur l’expertise des pêcheurs à la palangre de la SATHOAN.